Dans l'espace,
personne ne vous entend décapiter




Frédéric Jeorge - zarkass@gmail.com - 27 octobre 2010



        Avertissement : Cette fanfiction peut choquer la sensibilité de certains lecteurs, déconseillée aux plus jeunes.



        Que venait-il faire dans cette galère ? Pff, cette "galère", tu parles d'une expression bien mal appropriée. Il les a connu, lui, les galères, les vraies, celles où on rame pendant des jours entiers, la peau déchirée par les coups de fouet, les muscles déchirés par l'effort, les oreilles déchirées par le tam-tam incessant des tambours donnant la cadence, le corps déchiré par le bois qui vous rentrait dans le ventre et vous brisait les os quand un autre navire sabordait le vôtre en commençant par son moyen de propulsion : ses rames et ses rameurs. Certes pas une partie de plaisir, mais tout compte fait, ça ne pouvait pas être pire qu'ici. Au moins, sur les galères, il finissait toujours par s'échapper, par survivre, évidemment. Même cette fois où il avait coulé avec le bateau éperonné par une trière phénicienne, enchaîné à son banc de peine. Le temps que ses liens rouillent et cèdent, le libérant dans les courants méditerranéens jusqu'à sa résurrection, cette guerre était finie, de nouveaux peuples avaient remplacé ceux qui s'étaient entredétruits, avant de recommencer de plus belle. Rétrospectivement (très rétrospectivement, tout de même plusieurs milliers d'années après...), ce n'était pas si terrible. Au moins, l'air était respirable, et un jour ou l'autre, aussi perdu qu'il soit, il savait qu'il finirait toujours par retrouver un pays pour l'accueillir. Tandis que là...

        Methos pousse un long soupir sous son respirateur et se redresse, le regard fixé sur l'horizon. L'air de cette petite lune n'est pas vraiment toxique, il avait même été adapté aux humains lors du terraforming, quelques décennies auparavant. LV-426, alias Acheron, était partie pour devenir une colonie comme tant d'autres. Et il y avait eu ces rumeurs d'épave de vaisseau extraterrestre, ces Marines envoyés, et finalement, l'explosion du régulateur climatique. Depuis, le climat se dérègle et la nature reprend ses droits, l'oxygène se raréfie. Une affaire louche, bien évidemment étouffée par la toute-puissante Weyland Corporation. L'Immortel lève les yeux vers le ciel, que la planète principale couleur paprika emplit en partie, cherche à distinguer le minuscule point brillant de son vaisseau en orbite, y renonce. Ce qu'il cherche surtout, c'est à se souvenir des raisons qui l'ont poussé à accepter cette mission suicidaire, même pour lui. Elles avaient pourtant dû paraître cohérentes à l'époque.

        Une sombre histoire de corps retrouvé sans tête, des présomptions certes assez fondées qu'il en est à l'origine, des preuves accablantes et pour cause, pas le temps de fuir sa planète d'adoption... et le voilà arrêté, interrogé, emprisonné, condamné. Or les pénitenciers ne sont plus ce qu'ils étaient à l'époque, où il suffisait pour se retrouver libre de creuser un tunnel, de corrompre un garde, au pire de se faire tatouer le plan des installations sur tout le corps. Non, aujourd'hui, les prisonniers étaient exilés sur des astéroïdes tout juste assez équipés pour les garder en vie, pourvus de laisse électronique, surveillés par des machines incorruptibles, ravitaillés à distance à travers des zones non pressurisées, totalement isolés les uns des autres, sans aucun espoir de fuite ou de rébellion. Methos a eu un choix. Quarante ans enfermé dans l'une des ces forteresses du vide, avec tout ce que cela implique pour le secret de son immortalité, ou une mission à haut risque en échange d'une remise de peine. Il avait dû se dire qu'une mission à haut risque ne serait qu'une promenade pour lui, que c'était un choix évident. Il en doute de plus en plus.

        Son regard tombe un instant sur sa combinaison maculée de sang et de divers restes organiques. Ses coéquipiers étaient tous des repris de justice, mais ils ne méritaient quand même pas ça. Quand on les a largués ici, avec leur ordre de mission, les choses semblaient assez claires : une espèce animale existe à la surface, suffisamment dangereuse pour avoir causé la perte de la colonie, mais simplement animale. Les condamnés devaient explorer les ruines, faire un rapport, prendre des photos, et fuir en cas de rencontre, les militaires se chargeraient par la suite de la dératisation. Fuir. Très drôle.

        Avec des informations si parcellaires, le terreau fertile de l'imagination de Methos avait prévu toutes sortes de monstres, il s'attendait à une sorte de tricératops des étoiles, un truc gros et lent, dont on pouvait se cacher. Raté : ces bêtes étaient agiles, terriblement rapides, la gravité semblait ne pas avoir de prise sur elles, il ne les avait même pas vraiment vues alors qu'elles dépiautaient ses collègues à deux pas de lui, attaquant de dos, disparaissant le temps de se retourner... Après bientôt six mille ans de vie mouvementée, Methos se croyait pourtant blasé, il savait ne pas avoir tout vu, mais ne s'attendait pas à... ça. Il se retourne brusquement, n'osant allumer sa torche, plissant les yeux dans le jour obscur d'une lumière étrangère, gêné par la pluie erratique sur son casque. Est-il suivi ? Non, si l'un de ces animaux l'avait suivi, il serait déjà mort. D'habitude, ce n'est pas ce qui l'aurait le plus dérangé. Mais ici, dans cette atmosphère empoisonnée, abandonné sur un monde lui-même abandonné, combien de temps son corps attendrait-il une résurrection ? Il n'y aurait point de vague pour le déposer sur la plage d'un continu inconnu, point de rouille pour le libérer d'entraves centenaires, point d'archéologues pour le sortir d'une tombe enfouie sous les sables du temps. S'il mourrait ici, ce serait à jamais. Ou pire encore, son corps reviendrait parfois à la vie, le laissant suffoquer dans un air trop pauvre et de plus en plus hostile à mesure que s'effaceraient les traces du terraforming, mourant à nouveau dans d'atroces souffrances, jusqu'à la fin des temps.

        Son souffle s'accélère, la tête lui tourne et il doit prendre appui sur un rocher, luttant contre la panique. Que ferait MacLeod dans cette situation ? Il s'en veut presque de prendre en modèle ce jeunot arrogant d'Ecossais, mais cela rappelle tant de choses... il se revoit soudain sur la péniche, au... quand déjà ? vers la fin XXème siècle, non ? Avec ce jeune Immortel blond apprenti de Duncan, il avait oublié son nom, et Amanda était là aussi, partageant une bière et riant comme les vieux amis qu'ils n'étaient pas, mais tout comme.

        Soudain, le Highlander apparaît devant Methos. Il ne porte pas de combinaison ni même de respirateur, mais cela ne semble pas le déranger. Ignorant le vent violent, l'eau dont on ne sait pas trop si elle monte vers le ciel ou en tombe, il adresse à Methos un fier salut et dégaine son katana. Dressé face aux éléments, il se met en garde, défiant les bêtes de l'espace ou de l'enfer. "Je suis Duncan MacLeod du clan MacLeod !" hurle-t-il, son épée pluricentenaire particulièrement incongrue sous le croissant de planète, à la lumière d'un soleil qui n'est pas le bon.

        Methos secoue la tête pour chasser ces hallucinations, la poitrine douloureuse. L'écran de contrôle de son scaphandre clignote à son poignet : presque plus d'oxygène. Forcément, à courir un marathon avec un prédateur aux trousses, et à paniquer comme un mortel par-dessus le marché, ça devait arriver plus tôt que prévu. Se forçant au calme, il se redresse et poursuit sa route vers le bâtiment isolé qu'il a repéré de la crête, et qu'il atteint juste quand sa réserve s'épuise. C'est un module laboratoire autonome, qui semble intact, plus récent que les ruines que son équipe - feue son équipe - a parcourues dans la vallée, il a sans doute été laissé par une expédition précédente.

        La porte coulisse derrière l'ancien Immortel suffoquant, qui dans un ultime sursaut d'énergie active le générateur de secours et le recycleur d'air, avant de s'effondrer, épuisé, et surtout mort par asphyxie.



        Il revient à lui, incapable, comme toujours dans ces cas-là, de savoir combien de temps s'est écoulé depuis son dernier décès. Le laboratoire bourdonne tranquillement, avec le léger chuintement de l'air purifié que Methos inspire à grande bouffées. Il ne ressent bien sûr plus de douleur, mais mourir noyé dans l'air est une expérience des plus désagréables. Il se relève et entreprend un tour des lieux. Avant tout, il localise des réservoirs de secours pour son scaphandre et quelques rations sous vide, histoire de reprendre des forces en mastiquant avec application des barres protéinées à la texture de chewing-gum.

        Un bruit dans son dos le fait violemment sursauter, il se lève et se plaque contre la paroi métallique. La lumière baisse un instant, revient, mais le générateur est à bout, ça ne durera pas. Methos fouille la réserve à outils, s'empare d'une longue lame de rechange pour quelque machine de coupe, la soupèse un moment. Ca ne vaut pas une épée, mais ce sera mieux que rien. Evidemment, on ne leur a pas confié d'arme à feu. Il referme sur son visage le casque vitré... Un mouvement là ! Non, par ici plutôt ! Dans un dernier grondement, le générateur de secours passe à nouveau en veille et le laboratoire est plongé dans le noir, à peine troublé par la lueur à la fois froide et orangée qui filtre des baies donnant sur l'extérieur. Les baies... Methos s'en frapperait, lui si attentif à rester discret, il a oublié - certes avec la bonne excuse qu'il était mort à ce moment - de fermer les volets de tempête pour masquer l'éclairage artificiel. Trop tard. Un écran sur le bureau vacille soudain et tombe dans une gerbe d'étincelles, cette fois c'est sûr, il n'est pas seul. Tant pis pour la lumière, il allume sa torche et la braque frénétiquement d'un coin de la pièce à l'autre. Le casque le coupe des sons qui pourraient le guider, son champ de vision est réduit, et ce n'est qu'au prix d'un grand effort de discipline qu'il se retient de donner dans le vide de grands coups de son sabre improvisé.

        A pas lents, avec des mouvements souples de chat, il contourne le bureau, ouvre avec précautions la porte d'une autre partie du laboratoire, entre précipitamment en s'assurant de ne pas être suivi et referme derrière lui. Cette pièce est isolée, étanche, il est à l'abri. Prisonnier, sans ressources, mais tout répit est bon à prendre. Ne supportant plus son casque, il l'ôte un moment et le pose à côté de lui, ferme les yeux, cherche à calmer la tension qui tétanise ses muscles. Un sifflement près de son oreille, un chuintement plus proche encore, il ouvre les yeux mais il est trop tard : comme une araignée monstrueuse, comme une main de géant, un voile chitineux s'abat sur son visage, tandis qu'un tentacule visqueux s'enroule plusieurs fois autour de son cou et serre. Et serre. Et serre. Il se débat, tente d'arracher la créature qui recouvre ses traits et se fraye un chemin dans sa bouche, puis dans sa gorge, mais elle ne l'en étreint que d'avantage. Elle l'étrangle, sa prise est d'acier, sa résolution bestiale, et sa force disproportionnée. Methos ne peut rien faire, il sent ses forces l'abandonner, dans un dernier hoquet il s'écroule à nouveau, les mains crispées autour de sa tête encapuchonnée de membres frêles qu'il ne peut briser pour autant, et perd connaissance.



        Il ne croit pas être mort pourtant, mais quand il revient à lui, il n'a pas plus idée du temps qui s'est écoulé qu'en arrivant au laboratoire. Sa gorge, sa bouche, son visage, sa tête, plus de trace de l'araignée étrange qui l'a agrippé, sans doute en étant passée par les conduits d'aération, il ne s'attendait pas à un si petit être et pensait être à l'abri. Il se lève et fait quelques pas à titre expérimental, mais tout fonctionne normalement. Il ramasse son épée bricolée en se massant le cou, et sursaute en découvrant la créature qui l'a attaqué. Elle est recroquevillée au sol, inerte. Comme une abeille qui meurt après avoir perdu son dard, elle a dû l'empoisonner et y laisser la vie. Ce n'est certes pas la première fois qu'il est tué par une bête sauvage, merci l'immortalité ! Mais avoir survécu à ça ne résout pas ses problèmes. Il est toujours planté seul sur une planète hostile, avec peu de perspectives d'avenir.

        Il se lève avec hésitation, se sentant inhabituellement faible. Tout cela est bien beau, enfin, non, mais ça ne l'avance pas beaucoup. Comment quitter ce caillou maudit ? La seule solution qu'il voit est de rester caché ici, économisant au mieux le peu d'énergie et de nourriture restant, en attendant la prochaine navette livrant des prisonniers condamnés à mort sans le savoir, et de s'y glisser. Même Immortel, même avec toute son expérience et sa terrible résolution à vivre, à survivre quoi qu'il advienne, c'est une partie loin d'être gagnée. Il mourra tous les jours s'il le faut (et les jours d'ici ne faisant que quelques heures, ce n'est pas peu dire), mais il s'en sortira. Comme toujours. En attendant, la tête lui tourne à nouveau, il doit rester dans son organisme un peu de poison, rien qu'un peu de repos ne dissipera. Il jette le cadavre déjà sec de la créature par le sas, fouille en détail le laboratoire pour s'assurer de ne pas avoir d'autres surprises, et s'allonge pour dormir un peu.

        Au réveil il se sent un peu mieux, et prendrait bien une petite bière fraîche, mais c'est aussi irréaliste que d'avoir une navette prête à le ramener sur Terre. Peut-être que les ordinateurs du laboratoire auraient une solution, une piste, quelque chose ? Il relance le générateur qui n'en a plus pour longtemps, s'installe devant un écran et ouvre les logs les plus récents. Ce qu'il y découvre le glace d'effroi. Une des expéditions envoyées sur Acheron après le désastre de la colonie avait été constituée de scientifiques. Ils avaient trouvé les animaux étranges, avaient même réussi à en capturer quelques-uns pour les étudier. Ils avaient aussi recoupé les informations venues de divers rapports, et en avaient déduit tout le cycle de vie et de reproduction de ces créatures atypiques et particulièrement létales. Une reine pond des œufs, qui peuvent rester en hibernation pendant des décennies, d'où émerge ensuite un genre d'organe reproducteur à pattes, surnommé un " facehugger ". Cette espèce d'araignée s'attache ensuite à la tête du premier être vivant passant à sa portée, que ce soit un humain, un mala'kaks, même un gros chien, ou toute espèce de taille suffisante. Après une courte gestation, il en émerge une larve, un " chestbuster ", dont la naissance tue l'hôte. Elle va alors s'isoler et, après plusieurs mues, devient en quelques heures un alien adulte, dont la taille dépend de son hôte : plus ou moins grand, à deux ou quatre pattes, capable de survivre dans l'atmosphère locale et partageant des traits génétiques avec son modèle local, restant tout aussi dangereux, et d'autant plus adapté à son environnement.

        D'une main tremblante, Methos coupe le moniteur pour économiser l'énergie faiblissante. Tout ce qu'il vient de lire, le gouvernement le savait, la Weyland Corporation le savait. Et il comprend alors ce qu'il fait ici. Pourquoi envoyer des condamnés plutôt que directement des marines ? Tout simplement parce que cette lune est un zoo, une réserve. Les Aliens survivants y sont prisonniers tout comme les hommes enfermés dans les forteresses d'astéroïdes. Mais avec le terraforming en panne et la colonie détruite, il faut bien les nourrir ces petites bêtes... Déglutissant avec peine, Methos réalise que son équipe n'était qu'un garde-manger. Ou... pire encore ? Si tout le monde les croit en isolation pendant des décennies, qui s'inquiétera de la disparition de quelques criminels ?

        Un mouvement dans son ventre le fait soudain de plier en deux de douleur, et ce qu'il vient d'apprendre lui fait agrandir les yeux d'effroi. S'il avait su, s'il avait agi avant, peut-être aurait-il eu une chance, mais il est trop tard. Il chute lourdement au sol, les mains crispées sur son torse, tentant vainement de contenir la bosse difforme qui croît comme une grossesse monstrueuse, au rythme des coups de bélier d'une tête terrifiante qui se fraye un chemin en brisant les os, en lacérant les chairs, en arrachant les muscles. Methos repense aux galères une fois de plus, se souvient d'un fragment de rame brisée plongeant en lui dans un éclair de douleur et de sang. Là aussi, ce n'était rien comparé à ce qui a grandi en lui, contre-nature jusqu'au paroxysme, et qui est en train de naître en ravageant son corps depuis l'intérieur au passage. L'Immortel est encore conscient quand sa poitrine explose et que l'animal ignoble en jaillit, pour disparaître aussitôt dans un recoin sombre ou quelque conduite, mais il ne tarde pas à expirer, une fois de plus, regardant d'un œil morbide son propre cœur à moitié arraché battre encore faiblement.



        Methos reprend conscience, éternel recommencement, mouvement perpétuel d'une vie impossible qui lui fait traverser les âges depuis l'aube des civilisations, et en fera le témoin de leur crépuscule s'il le peut. Il n'était pas mort depuis un moment, avec l'existence sur-sécurisée et trop confortable de l'ère technologique, mais là il se rattrape. Combien de décès en quelques heures ? Il a perdu le nombre, et franchement ce n'est pas le plus important dans l'immédiat. Il constate avec une grimace que si son torse s'est évidemment refermé et est intact sous le sang séché, son scaphandre est hors d'usage. Il en a vu d'autres dans la réserve, heureusement. A condition de pouvoir l'atteindre. Car la silhouette qu'il entrevoit à travers le verre dépoli du réfectoire n'augure rien de bon. Après une mort aussi gore, il a dû mettre assez de temps à revenir à la vie pour que la bête grandisse à son rythme accéléré. Cette fois ça suffit, c'est lui le chasseur, pas le contraire ! Il empoigne son épée rustique, mal équilibrée, trop lourde, pas faite pour être tenue en main, mais au cours de siècles il a manié tant de styles de lames dans tant de styles de combat qu'il s'en accommodera bien.

        Avançant aussi discrètement que possible, il approche de la porte du mess et s'y encadre en levant son épée avec un cri de défi. L'animal ne sursaute pas, ne fuit pas, il se contente de tourner vers lui sa forme de cauchemar. Une tête immense sans organe sensoriel visible, deux bras deux jambes, mais aussi une immense queue battant l'air de façon menaçante, des... tuyaux, membres, cornes, allez savoir, qui jaillissent de son dos, et surtout une gueule au sourire grotesque, s'ouvrant sur une deuxième mâchoire pleine de bave visqueuse... Réprimant son dégoût et une vague de pure terreur, fermant presque les yeux pour échapper à cette vision d'horreur, Methos se jette soudain en avant, feinte à droite, revient à gauche et finalement frappe en diagonale d'un violent coup de sabre. Une technique gréco-romaine éprouvée, qui marche toujours. La bête est rapide, elle essaie d'esquiver mais se laisse prendre à la ruse et le métal lui entaille profondément le... museau, à défaut d'un mot plus adapté, et le torse. Elle recule en laissant échapper un cri strident, mais Methos aussi. Car de sa profonde blessure le sang a jailli, maculant l'arme et aspergeant l'Immortel. Il regarde stupéfait sa lame grésiller et fondre, attaquée par un acide d'une puissance imparable ; le métal fume et crie aussi, tandis que les gouttes qui tombent au sol l'attaquent en y laissant les empreintes similaires à une grosse pluie d'été sur un sol de terre... qui pourtant est fait d'acier inoxydable. Pire encore, Methos sent son bras le brûler, tandis que le reste de son scaphandre achève de se dissoudre sous la corrosion de ce sang redoutable. Il se débarrasse précipitamment de la veste fumante, raffermit sa prise sur le sabre mécanique dont le tranchant est maintenant sérieusement émoussé, et se remet en garde.

        La créature a cessé de rugir. En fait, malgré son absence de visage, elle parvient à avoir l'air surpris en constatant que sa tête et son tronc cessent de saigner, que les tissus se referment, que la... peau, le cuir, la carapace ? enfin, que son enveloppe se reconstitue, ne laissant en quelques instants plus de trace de l'attaque qui a pourtant failli la tuer.

        Methos sent un frisson interminable courir dans son dos en sueur, tandis qu'une phrase de l'étude scientifique flotte devant ses yeux : " La créature adulte adopte des traits physiques et génétiques de son hôte de gestation ". Quelle engeance immortelle viennent-ils de créer là ? Quel enfant monstrueux des aliens et des hommes vient d'hériter du plus mystérieux des dons, celui de la vie éternelle ?

        Passe un instant de flottement, les deux adversaires différents en tous points mais semblables au-delà de tout s'observent en silence. Methos se jette soudain en avant, oubliant toute prudence et toute peur, faisant tournoyer ce qui reste de sa lame, visant le frêle cou supportant la tête massive, mais l'animal extraterrestre fuit le combat, il bondit au plafond où il s'agrippe tel un insecte, saute par la porte dégagée et se jette si fort sur la baie vitrée principale qu'elle se brise et le laisse disparaître dans la nuit orangée.

        L'Immortel n'a que le temps d'empoigner un respirateur de secours. Il se traîne ensuite jusqu'à la réserve, enfile un scaphandre intact, le barde d'autant de réservoirs qu'il peut en porter, et glisse dans la ceinture à outils deux lames neuves. Son visage est froid, dépourvu d'expression. Il n'a jamais été de ceux qui embrassent une cause ou prennent des risques pour autrui, mais là, l'enjeu est trop grand. Un xénomorphe Immortel ? S'il mute et devient une reine invulnérable, ce sera une menace éternelle pour toutes les races de la galaxie.

        Pour l'instant il n'y en a qu'un, mais il ne doit en rester aucun !



FIN




Disclaimer : Les personnages issus des licences Highlander et Alien ne m'appartiennent pas, je ne fais que les emprunter et les mélanger sans rentabilité ni intention de nuire.