Ad Vitam Aeternam

Frédéric Jeorge - octobre 2002
zarkass@gmail.com



        On a longtemps cru cela impossible, mais c’est enfin arrivé. Le monde est calme, tranquille, parfait. Au bout de quelques siècles, les hommes ont appris à vivre en communion avec la nature, à réguler leur nombre et leur appétit de conquête, à vivre avec leurs semblables.
        Les Immortels aussi. En parallèle du monde, le message des sages et des justes a fini par passer. Darius, le Messager, d’autres comme eux ont donné leur vie pour transmettre la parole de la paix, mais ça y est. Plus de duels, plus de décapitations atroces et de traques cruelles, plus de fuites éperdues devant de vieux ennemis.

        Paix et harmonie, voilà les maîtres mots à présent. Bien sûr, personne n’a le prix, puisque plus personne ne se bat, mais ceux qui restent n’en veulent pas. Pourquoi sacrifier un monde idyllique pour l’unique objet de ressentiment ? Quelque chose dont on ignore même s’il existe et ce qu’il implique ?

        Bien sûr, rien ne peut empêcher les mauvais de revenir, et régulièrement un être maléfique fait son apparition, il prend au pire quelques jeunes têtes, mais se heurte bien vite à la sécurité des Immortels. Organisés en une milice que dirige le célèbre Duncan MacLeod, grand pourfendeur de méchants devant l’Eternel, ils imposent leurs nouvelles règles. « Un contre un » ne tient plus face à « Tu ne décapiteras point ». Les récidivistes sont punis en public, leur quickening réparti entre tous. Ainsi, encore quelques siècles plus tard, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.
        Et les habitudes millénaires, malgré leur ancrage aussi profond que le temps, se perdent. Les épées rejoignent les musées, l’art de combattre se mue en danse et en théâtre.

        Le temps passe, les siècles s’écoulent. L’on va bientôt célébrer la grande fête de la paix, celle qui marque le premier millénaire sans aucune guerre. Puis le second, auquel on ajoute l’absence totale de crime, même mineur ou passionnel.

        Alors ça y est, le paradis sur Terre, la félicité dans le calme et la sécurité ? Presque, si ce n’est un détail...

        L’ennui.




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