Babillé
On reprend la voiture pour une heure de bonne route dans la campagne. Les maisons sont simples mais construites en dur et souvent colorées. Comme dans le nord, elles ne laissent guère de doute sur la religion pratiquée par leurs occupants, souvent l'islam par ici. Beaucoup de petites mosquées aussi.



Ci-dessus dans l'arbre, des ruches traditionnelles. Ci-dessous l'un des nombreux troupeaux de dromadaires, ils semblent souvent en semi-liberté, mais appartiennent toujours à quelqu'un et sont sans doute surveillés en permanence, ça vaut cher ces bêtes-là.





On longe un immense camp de réfugiés Somali, installé depuis deux générations, et fonctionnant avec l'aide de l'ONU ou notamment d'organisations norvégiennes - les photos sont interdites. La frontière de la Somalie n'est qu'à quelques kilomètres (les roches ci-dessus la marquait avant mais elle a été déplacée), mais pour les apatrides des camps les conditions de vie sont vraiment basiques, au milieu du désert, avec une petite école, un dispensaire, une mosquée et... c'est à peu près tout.



Le long de la route, on admire le début de la vallée de Dakhata, ou vallée des Merveilles, avec ces gros rochers biscornus. A la saison des pluies, on pourrait continuer plus au sud et voir des éléphants et des lions, mais pas en ce moment, tant pis.





Soudain, le chauffeur quitte la route et avance sur une piste de sable sans rien d'indiqué. Quelques huttes somalies, des enfants... et au détour d'un buisson, un vaste marché au bétail.



C'est l'un des plus grands marchés du pays, on y trouve des chèvres, des vaches et surtout des dromadaires, venus parfois de loin. Un beau spécimen s'échange à 1000 Euros, les liasses de billets passent de main en main, des gardes armés veillent sur le tout.





Il ne doit plus y avoir beaucoup de visiteurs étrangers depuis que le marché s'est éloigné de la ville de Babillé, car nous sommes un peu l'attraction du jour. Une foule compacte d'enfants et de moins jeunes nous suit, et nous sommes mitraillés de photos depuis leurs téléphones ! C'est un juste retour des choses après tout...




On se remet en route pour grimper sur une piste vers le village oromo de Aw Sofi. Nous aimerions prendre en stop les lycéens et les femmes chargées de balots qui crapahutent au soleil, mais le chauffeur n'est pas d'accord, cela créerait un précédent compliqué à gérer. Déçus malgré tout, des jeunes caillaissent un peu la voiture - ils se feront copieusement disputer à l'arrivée par la matriarche du village, qui est rémunérée pour accueillir des visiteurs et montrer leur mode de vie. Les villages qui ne se montrent pas assez sûrs, comme Koremi que nous devions initialement visiter, se voient privés de la manne touristique.





Le village tout en pierre est beau, avec des sycomores qui donnent un peu de fraîcheur. Tous les hommes étaient réunis en palabre à l'ombre d'un arbre, ce sont les femmes et de nombreux enfants qui nous ont accueillis dans une des maisons. Ci-dessous l'unique échoppe ; au pied du palmier c'est un générateur à biogaz installé par une ONG ; une ruche en tôle et une meule, témoin des moissons qui viennent de s'achever.



La maison traditionnelle reprend le schéma qu'on avait vu à Harar, avec des plateformes où se répartissent les familles qui se partagent le lieu, des niches dans le mur en guise de rangements, l'étable et le poulailler dans la pièce attenante (sans porte), et la cuisine commune installée dans un bâtiment à l'écart.



Quand une fille est à marier, un tapis roulé est suspendu au-dessus de la porte. Les jeunes mariés sont ensuite enfermés dix jours, histoire d'être sûr que l'ennui les pousse à consommer l'union ?





Ci-dessus la tombe du fondateur. Les enfants jouent au bord de la falaise à courir derrière des bâtons munis d'une roulette.



Retour à Harar, puis à Dire Dawa pour un vol vers Addis-Abeba. La veille, un petit avion s'est abimé dans la campagne, et quelques jours plus tard, c'est le Boing 737 Max qui s'écrasait. Mais ce sont des anomalies rares, la compagnie nationale étant tout à fait aux normes internationales, et si nous avons certes eu pas mal de retard pour cette ligne intérieure, ce n'est pas pire qu'ailleurs.
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