Kombolcha



En quittant Lalibela, on reprend la piste en sens inverse avant de plonger vers le sud. On a l'impression d'être sur du plat, mais d'un coup la route s'ouvre sur des vallées vertigineuses, on est encore loin d'être en plaine ! Il a plu, tout a verdi d'un coup, les terrasses alignent leurs formes harmonieuses et la terre fertile de cette région se découpe en des motifs géométriques du plus bel effet.



Plusieurs petites villes sans attrait assez semblables s'enchaînent, les banques sont installées dans des bâtiments en dur mais rarement terminés, et le commerce est florissant.









Les étapes se font dans des petits restos assez classes, mais le menu reste le même d'un bout à l'autre du pays. C'est tout de même une pause bienvenue sur les longs trajets, sachant que nous allons mettre deux jours complets de route pour descendre sur Addis. Pour autant, nous ne regrettons pas l'option voiture plutôt qu'avion car il y a toujours des choses à voir, comme ici sur les rives du lac Hayk, un endroit très paisible.



On trouve sur cette petite péninsule deux monastères, l'un de nonnes tisserandes qui produisent de superbes tissus sur des métiers anciens et des rouets - les tissus traditionnels dont s'enveloppent les gens sont très grands et très lourds (photos d'Isabelle)...



... l'autre réservé aux hommes (y compris pour la visite), avec un musée nickel et de belles reliques. On lit en transparence dans les symboles et les légendes tout le remplacement et l'absorption par la chrétienté des croyances animistes locales.



Après une nuit purement utilitaire à Kombolcha, nous reprenons la route, avec pour patienter de très beaux villages qui ont échappé (pour combien de temps encore ?) aux disgracieux mais efficaces toits de tôle ondulée. Vous ne trouvez pas qu'on dirait des huttes celtes ?



On roule on roule on roule, cette fois encore on se croit arrivé en bas, et pof, d'un coup dans une faille du gros talus, on réalise qu'il n'en est rien, et la vue vertigineuse de Mezezo n'incite pas à s'approcher du bord, surtout que le vent souffle en rafales violentes. Les vendeurs de bibelots installés là, en plein courant d'air violent, savent bien que les quelques voyageurs qui vont s'arrêter vont les prendre un peu en pitié, du coup ils vendent leurs jolis objets plus du double du prix d'Addis, on s'en est rendu compte après.



Il y a énormément de troupeaux sur les routes, et les bergers ne se soucient guère de les contrôler. Il faut dire qu'une bête renversée doit lui être payée cash au prix fort (et le double si c'est une femelle potentiellement grosse). Ajouté au transit qui se densifie de camions et de voitures, malgré la bonne chaussée la progression n'est pas rapide. Et quand elle pourrait l'être, il y a de toute façon moults ralentisseurs terribles qu'on ne peut franchir qu'au pas, alors...



Nous sommes presque à la capitale, cette fois c'est une grande plaine herbeuse (mais on est toujours à 2355 m. d'altitude), et les derniers villages et fermes traditionnelles cèdent peu à peu la place à de gigantesques complexes industriels, souvent chinois (les enseignes ne sont écrites qu'en idéogrammes). L'Ethiopie vient de battre un malheureux record, celui du pays où les gens acceptent les salaires les plus bas du monde, à peine $23 / mois pour des horaires délirants et des conditions éprouvantes. Très faible qualification, turnover important, travailleurs affamés (cette paye ne permettant pas de se nourrir correctement), jusqu'où ira l'appétit de l'Occident pour des produits toujours moins chers sans se soucier des conditions de production ? Cela concerne même de grandes marques comme Calvin Klein.


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