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3 avril
Après une nuit un peu rude en deuxième classe non climatisée - six couchettes en vis à vis et deux dans le couloir,
ni portes ni fenêtres, juste des barreaux, et des vendeurs de toutes sortes qui hurlent sur les quais à chaque
arrêt, qui viennent jusque dans le wagon proposer chaï, biscuits, chapatis, sucreries, crécelles (!)
en braillant à qui mieux mieux, sans oubier les annonces des hauts-parleurs, les allées-venues des passagers, et la voix
particuilièrement haut perchée de la mère de famille d'en face qui bavarde chaque fois qu'elle se réveille... -
nous arrivons à Bénarès avant l'aube. Nous retrouvons les quelques routards avec lesquels nous avions sympathisé
la veille, un Israélien, un Brésilien, un Allemand, une Coréenne tout seule (!), un couple Australien/Londonienne black.
Un peu sonnés après cette nuit peu reposante, chacun part à la recherche d'un hôtel.
Ci-dessous, la gare de Bénarès, déjà fort active à cette heure matinale. Transportant des millions de
voyageurs sur de très longues distances, il est fréquent que les trains indiens partent et arrivent en pleine nuit.

Bénarès - ou Varanasi - est la ville mystique par excellence, où les Hindous souhaitent mourir au bord du fleuve
sacré, le Gange. C'est aussi une
ville active et commerçante, essentiellement composée de ruelles inaccessibles aux voitures, extrêmement
sales et encombrées mais dégageant pourtant un charme étrange. Une multitude de temples imbriqués dans les habitations
très dégradées accueillent à toute heure du jour et de la nuit dévots et pélerins.
Difficile de résister aux jolis bracelets multicolores et aux soieries que les marchands déploient
à profusion au moindre coup d'oeil intéressé ..
L'anarchie du système électrique atteint des records et les coupures de courant sont fréquentes,
comme nous avons pu le constater après une averse de cinq secondes !


Le soir, un festival a attiré une foule énorme. Sur des stands des gens distribuaient des poignées
de sucreries à une foule compacte et très excitée. Il y avait des colliers de fleurs, des lumignons, des haut-parleurs
braillards, des ampoules clignotantes, des klaxons de motos qui se faufilaient en dépit de la cohue, tout cela générant
un niveau sonore assez éprouvant.

Au bord du Gange c'était la fête de Puja, l'offrande de la lumière au fleuve. Cinq ou six prêtres balançaient de
l'encens au dessus de l'eau avec de grands gestes circulaires, en agitant inlassablement des clochettes sur fond
de chants lancinants. Parmi les spectateurs, des saddhus, des familles, des enfants qui vendaient du thé, des cartes postales,
des fleurs... et les routards rencontrés la veille.


4 avril
Levés à l'aube, nous sommes descendus au bord du Gange pour la traditionnelle promenade en barque le long des ghâts
où sadhus, ménagères, lavandiers, dévots viennent faire leurs ablutions, se savonner, laver le linge et les buffles,
nager un peu... Bien sûr, on peut trouver cela d'un voyeurisme insupportable, mais après tout, on ne peut guère voyager
sans être un peu voyeur, ou alors autant rester dans sa chambre. Et puis si les gens de Benarès refusaient le passage
des touristes, ils n'auraient pas mis en place le système des barques. Cela n'empêche pas de se sentir assez mal à l'aide
(on a croisé un bateau où l'un des passagers tournait délibérément le dos au "spectacle"). Reste la vision sublime et inoubliable
de la rive dont les palais et les temples émergent lentement dans la lumière matinale.




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