Lac Tana


Plus grand du pays et l'un des plus hauts du monde, le lac Tana s'étend sur 90 km de long au nord de Bahir Dar. Alimenté par la saison des pluies et source d'un des "Nil" (plusieurs se rejoignent pour devenir LE Nil), il n'est pas très profond mais fournit la région en eau et en poissons (dont le très bon tilapia). Il est aussi parsemé d'îles et de péninsules, chacune avec son église ou son monastère, dont certains (les plus proches) font l'objet de nos visites.



Ci-dessus, trois types d'embarcations : à gauche les radeaux de roseaux utilisés par les pêcheurs locaux (étrangement semblables à ceux du lac Titicaca au Pérou/Bolivie), au centre les bateaux actuels en ferraille, à droite ceux qui promènent les touristes. Il existe aussi un ferry qui traverse jusqu'à la rive nord en deux jours.





Après un crochet par l'embouchure du Nil bleu, où l'on a vu des bébés hippopotames, des aigles pêcheurs et des pélicans (à retrouver sur la page "faune"), mais pas de crocodiles comme cela aurait pu arriver (sachant que ce sont de loin les hippos les plus dangereux, herbivores mais costauds, plutôt rapides et avec un sale caractère !), nous nous dirigeons vers la péninsule de Urakidane Mehret.

Dès le débarcadère, le chemin qui mène aux églises est bordé d'une succession d'échoppes pleines de beaux objets fabriqués localement avec talent, à l'aide de produits naturels. Difficile de ne pas se laisser tenter, même si ce n'est que le début du voyage. Il s'avèrera qu'on retrouvera plus loin la plupart des objets, mais en beaucoup moins fins.



La péninsule de Zeghe est couverte de cafféiers "bio", dont nous avons goûté les fruits mûrs à point avec surprise : c'est sucré, juteux, très bon ! A se demander pourquoi on ne trouve jamais de confiture ou de sirop de café, ça aurait sûrement du succès. En tous cas dans la seule forme consommée ici, il est absolument délicieux... Fort, mais délicieux. Mais fort. On en reparle plus en détail sur la page "Gastronomie".



L'église traditionnelle de la région est bâtie sur un plan circulaire, avec une première enceinte ouverte, un toit débordant, un intérieur couvert de peintures et un "saint des saints" au centre. Pour commencer, Ura Kidane Meret, le plus grand monastère de la péninsule, pas le plus beau de l'extérieur avec son toit rénové en tôle, mais qui protège un maqdas aux peintures particulièrement fines. Cette partie sacrée de chaque église du pays renferme une copie symbolique de l'Arche d'Alliance et seuls les prêtres y ont accès. Ses parois extérieures peintes sont cachées par des rideaux que les diacres écartent le temps de les montrer aux visiteurs, elles sont moins anciennes que prétendent les guides qui les datent du XIVème siècle, étant plutôt du XVIIIème. Ci-dessous à gauche le portique d'accès au complexe religieux, au centre les cloches traditionnelles en pierres suspendues, à droite les anciens toits en chaume esthétiques mais qui disparaissent au profit d'installations plus étanches pour la saison des pluies.



Les peintures illustrent les scènes de la vie du Christ et de la Vierge sous forme de bandes dessinées sans phylactères. La Bible est illustrée de façon très littérale et naïve, agrémentée de nombreux saints et épisodes inédits en Occident, ainsi que d'adaptations au contexte local : animaux typiquement africains, Marie portant Jésus dans le dos, et parfois tout le monde est noir. Ce n'est que dans les représentations les plus récentes que les protagonistes prennent le type européen.



Saint Frumence, né au Liban au début du IVème siècle, aurait commencé à introduire le christianisme en Ethiopie, suivi par neuf saints faiseurs de miracles, qui ont fini de convertir les rois d'Axum puis le reste du pays dès le Vème siècle. Il en reste des vestiges très anciens que des musées exposent (rarement dans de bonnes conditions) : livres enluminés souvent écrits en ge'ez (l'équivalent du latin pour l'amharique, toujours lu par les prêtres), couronnes, croix processionnelles, tenues sacerdotales...



Il y a trois types de croix : celle de Lalibela, celle d'Axum et celle de Gondar, correspondant aux trois grands empires orthodoxes qui se sont succédé. Les églises sont surmontées du symbole de la main et plus souvent d'une croix ronde très ouvragée. Les boules blanches que vous voyez ci-dessous sont de véritables oeufs d'autruche qui illustrent l'attachement du Christ aux hommes. La quatrième était celle d'origine d'Ura Kidane Meret, mais elle est si lourde qu'elle menaçait de faire s'effondrer le toit et a été remplacée par une plus simple.



On reprend le bateau pour atteindre le village de Azuwa Maryam, avec un nouvel alignement de vendeurs. Toute la péninsule est habitée, près de 11.000 personnes vivent sur cette bande de terre, mais de façon suffisament traditionnelle et discrète pour qu'on n'en distingue presque rien du large. La sérénité, la propreté, le café sublime, l'agriculture bio et efficace, la végétation luxuriante même en période sèche, les eaux poissonneuses du lac, et même de beaux panneaux solaires, donnaient l'impression d'un endroit privilégié (pourvu qu'on n'aille pas y construire d'horribles hôtels en béton !).







Ayant conservé son toit traditionnel en chaume, Azewa Maryam est la plus belle église de la péninsule. Ses peintures représentent notamment les exploits des archanges et souvent, thème très prisé dans tout le pays, Saint Georges terrassant le dragon, qui symbolise la chrétienté remplaçant les anciennes croyances. On trouve aussi des images très graphiques des enfers et des martyrs, ainsi qu'un original portrait de Marie orné de véritables bijoux d'argent.




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