Pour traverser le fleuve Rouge en venant d'Hanoï, nous avons confié notre minibus, nos sacs et notre âme à ces bacs surchargés, approximativement guidés par un bateau qu'aurait pu piloter Noé en personne. Finalement, c'est bien à pied sec que nous sommes arrivés en face ! Le trajet depuis la capitale aura demandé environ six heures cahoteuses.
C'est dans le port de Bãi Cháy que nous avons embarqué sur une jonque pour deux jours de navigation dans la mythique baie. Ha-Long signifie "lieu de la descente du dragon".

C'est une navigation étrange et silencieuse entre ces îles éparses, fantomatiques, jaillies de la brume en donnant l'impression d'un labyrinthe géant dont on ne sortira jamais. Certaines sont en forme d'atoll enserrant des joyaux d'eau bleu-vert et récelant des grottes profondes.
D'autres prennent l'apparence d'animaux ou de visages humains, au gré de la lumière et des nuages.

La baie est bien mise en valeur entre autre dans le film "Indochine".

Nous avons eu la chance de voir la baie un jour sous le soleil et le lendemain dans la brume, offrant une autre facette, encore plus mystérieuse.

La jonque, embarcation traditionnelle, faisait déjà l'admiration de Marco Polo pour ses remarquables qualités nautiques, sa quasi-insubmersibilité et sa beauté.

Malgré son calme apparent, la baie est fort fréquentée par une multitude de bateaux, servant d'habitation, de magasin, d'entrepôt et de transport.

Les femmes accompagnées de leurs nombreux enfants proposent toutes sortes de marchandises et de boissons, des piles électriques et des noix de cocos fraîches, une véritable épicerie flottante.

Le bateau nous a amenés à Haiphong, en longeant un port dans un état de délabrement assez stupéfiant. Des cargos et des chalutiers rongés de rouille, démantelés pièce à pièce tout en continuant à servir...

Haiphong elle-même, dont Jules Ferry fit le premier port d'Indochine, fut lourdement bombardée durant les guerres et il faut avouer que nous n'avons jamais vu ville plus sale et dégradée.