La route pour Tampere traverse des forêts, des forêts et des forêts, pratiquement sans un seul virage. Sur la selle arrière, la passagère s'endort consciencieusement, et le conducteur n'est pas loin d'en faire autant. Nous posons les affaires au camping Härmälä, abordable et correct, et partons pour un tour de la ville avec un autre copain habitant ici. Tampere est la deuxième ville du pays, un pôle industriel actif installé de façon étonnante sur le mince isthme séparant deux lacs ayant une différence de niveau de 18 mètres. Idéal pour utiliser la force de l'eau, c'est pourquoi dès le début de l'ère industrielle les usines s'y établirent nombreuses, contribuant largement à l'essor économique de la Finlande.



Sa tour aux faux airs de Seattle fait profiter d'une vue magnifique sur les environs. Ces lacs semblent chacun être une petite mer ! Les lacs sont une spécialité finlandaise, le pays en compte près de 200.000, de toutes les tailles.



Au pied de la tour du parc Särkamniemi, une petite fête foraine attire les gens de loin, ces installations n'étant pas courantes dans ces pays.



Ci-dessus à gauche, les robes traditionnelles aux hanches rembourrées sont typiques des tziganes locaux.
A droite, échanges entre biker et demoiselle en tenue d'époque à l'incontournable musée Amurin Työläismuseokortteli, ci-dessous. Il s'agit de la préservation du quartier Amuri, qui illustre l'habitat ouvrier de 1882 à 1973.



Chaque pièce est meublée et décorée dans les moindres détails, selon l'année qu'elle représente, avec le nom et l'histoire des gens qui y ont habité. C'est très bien fait et émouvant, manque seulement les odeurs et les rats, d'après les anciens habitants présents lors de l'inauguration. Tous ces gens qui ont passé leur vie de travail incessant, dans une seule pièce avec 5 à 6 enfants, ou en partageant une seule chambre à 3 ou 4 ouvrières, sans aucune intimité, sommaire cuisine commune, sanitaires extérieurs (et sauna, bien sûr, c'est la Finlande)... A mesure que les années passent, les conditions s'améliorent un peu, les lits pliants deviennent plus confortables, la télé fait son apparition, certains logements de contremaîtres deviennent même presque cossus. Un vrai voyage dans le temps, sachant que nos propres grands-parents ont pu vivre dans des conditions très similaires en France.



Finlayson est aussi devenu un musée et centre culturel mais on n'a pas eu le temps de le visiter. C'est un exemple de ville-usine, où les manufactures possédaient leurs propres logements, écoles, hôpitaux, commerces. Les ouvriers étaient ainsi pris en charge pratiquement de la naissance à la mort. Ci-dessous à droite cette tour servait à fabriquer des munitions en plomb à l'époque où les presses manuelles n'étaient pas suffisamment puissantes. Lâchés dans le tube, c'est l'accélération de la gravité et l'impact en s'écrasant en bas qui en faisait office. Imaginez les jambes des gars chargés de remonter toute la journée, toute l'année, notamment dans le froid de l'hiver nordique, des charges de plomb jusqu'en haut...





La curieuse église moderne Kalevan kirkko, de Reima Pietilä (1966) évoque tout sauf une église. Ca change des chapelles pluricentenaires en bois debout.