Le centre et Corte





On serait bien restés un peu à Ajaccio mais la route nous appelle. Un plein et c’est parti pour les montagnes du centre, le temps est un peu couvert mais ça va ; cependant dès qu’on prend un peu d'altitude, on est surpris par des vagues de froid. Les sites où on veut s’arrêter sur la route, comme la maison des tortues ou un parcours d’accrobranches, sont fermés le matin, on est hors saison depuis quelques jours : beaucoup moins de monde partout ce qui est très appréciable, mais en échange beaucoup d'activités touristiques fermées. Arrêt au joli village de Vizzavona, avec sa gare en pleine forêt et les ruines d’un grand hôtel. Impression bizarre, comme hors du temps, un autre monde. Il y a beaucoup de randonnées à faire autour, ce pourrait être un bon camp de base pour une prochaine fois.





Pause au Fortin de Pasciola, qui devait faire partie de tout un ensemble de tours de garde et d'alerte à travers l'île, chacune pouvant être en contact visuel avec une autre. Mais le réseau commencé par l'occupant français en 1770 a été abandonné rapidement, trop difficile de maintenir des garnisons sur ces pics isolés. Il faut dire qu'à l'époque ils n'avaient pas une superbe chaussée sous les pneus et 140 chevaux pour les catapulter avec régal d'un virage à l'autre !



On a beau prendre tout notre temps, il est à peine 11h quand on arrive à Corte, alors qu’on pensait mettre la journée ! Ville impressionnante perchée sur son éperon, c'est une visite très agréable, originale et jolie.





On grimpe à la citadelle qu’on visite ainsi que le musée de la Corse, ça tombe bien c'est gratuit avec les Journées du Patrimoine. C'est vraiment très intéressant, avec la collection d'un curé qui s'est improvisé comme le premier ethnologue local : plein d'objets de la vie quotidienne, des outils, des photos...



La citadelle vertigineuse a été utilisée comme caserne jusqu'à l'époque moderne, dans un confort très relatif.





Le mur derrière la statue au-dessus à droite est criblé d'impacts de balles, souvenirs des réucrrentes vendetta locales. De vraies petites guerres civiles à l'échelle d'une ville, qui éclataient pour défendre l'honneur. Outre sa vieille ville plutôt authentique, Corte est aussi une ville universitaire active, ci-dessous à droite son campus ultra-moderne.



L’orage qui menaçait a grondé toute la nuit, impressionnant, mais au matin ce n’est plus qu’une petite pluie fine. Petit dej sympa en papotant à la table commune d'une auberge sur les hauteurs à l'extérieur de la ville. Comme il pleut encore un peu et qu’on n’est pas pressés, on se met en route qu'à 10H, sous les dernières gouttes. Le temps reste couvert et la route humide, mais on ne sera pas mouillés.



La route est très belle, plutôt bonne, longeant des canyons et des roches étrangement découpées par l'érosion. On passe par Castirla puis Calauccia avec son barrage et son lac de retenue au niveau assez bas. Shopping pour le midi, le charcutier avoue avec sincérité que ses charcuteries corses ne le sont plus vraiment : les originales 100% du coin sont hors de prix et épuisées dès le début de l’été de toute façon. L'essentiel des charcuteries est fait avec des porcs du Continent, voire d'Amérique du sud :-(. Et si on se servait des cochons qui errent le long des routes et s'amusent à dormir dans les virages ou traverser devant la roue ?











La route passe par la magnifique forêt de Valdu-Niellu, on trouve des tables à pique-nique sous les immenses pins, un peu humide mais très sympa. Des cochons sauvages déambulent à côté de nous, Steph leur donne un bout de pain, du coup le plus gros se met à la suivre, la pousse du groin, la mordille, il ne la lâche plus jusqu’à ce qu'on remette la moto en marche.



On reprend la route vraiment à allure réduite, entre la chaussée couverte d’aiguilles humides, les virages constants, mais aussi les porcs, chèvres et vaches qui divaguent parfois, et surtout les voitures qui coupent consciencieusement les virages et se rabattent à peine en voyant la moto, entre les Corses qui ont trop l’habitude et les touristes qui ne l’ont pas assez. On passe rarement la 3e, la moto chauffe un peu mais tout va bien, tranquille.



Détour par Marignana, puis Ota après une petite route assez défoncée entourée de châtaigners, une spécialité locale et longtemps la base de l'alimentation. Pause rafraîchissement du moteur et de nous, la température a bien remonté et le ciel s’est dégagé.





Les roches rouges forment un décor impressionnant sous la lumière qui commence doucement à décliner. On devine bientôt, entre les cols qui se succèdent, le reflet de la mer au loin.