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 La Pologne très catholique affiche au bord des routes des croix ouvragées, entourées de petites barrières. Des rubans de couleurs, des fleurs et des offrandes les décorent. Les Vierges et autres calvaires ne manquent pas non plus dans tous les jardins. Les cigognes font de la figuration solennelle, les tracteurs ont fait un bond technologique par rapport au pays voisin... mais les routes rurales tendent à vite redevenir de simples pistes de gravier.  C'est dans ce paysage idyllique, en tous cas en cet été parfait, que se visitent les ruines de Wilczy Szaniec de sinistre mémoire. Ce "Repaire du loup" était la base secrète d'Hitler, où il se cacha pendant une bonne partie de la guerre (et non au plus célèbre Nid d'aigle, près de Berghof en Bavière).  Installé en compagnie de 500 officiers nazis, 1500 soldats et environ 500 civils, répartis dans 200 bâtiments sur 250 hectares de forêt, avec cinéma et casino, Hitler y passa en tout trois ans et demi. Assez incroyable de se dire que les alliés n'ont jamais trouvé ce site bien camouflé. Il faut dire, les bâtiments qui subsistent sont d'énormes bunkers pratiquement indestructibles... sauf en les faisant sauter de l'intérieur, ce que les nazis eux-mêmes ont fait à la toute fin, plutôt que laisser le site aux mains de l'Armée Rouge.   De gigantesques blocs de brique, de ciment et béton armé, recouverts de mousse, de lichens, d'arbres et de buissons, composent un paysage fantastique et aussi sinistre que ceux qui vivaient là, terrés comme des rats plutôt que des loups. On éprouve un curieux sentiment de satisfaction en voyant tout ça saccagé. Décidément aujourd'hui on aura vu les témoignages de la déchéance de deux des plus grands monstres du XXème siècle : Staline déboulonné, le matin même juste de l'autre côté de la frontière avec la Lituanie, et maintenant Hitler réduit à des blocs dynamités. En même temps, cela évoque les temples perdus dans les jungles d'Asie ou d'Amérique du sud. Le Reich qui devait durer 1000 ans retourne déjà à la nature.   C'est ici qu'a eu lieu l'attentat manqué de justesse de Klaus Von Stauffenberg le 20 juillet 1944 contre le Fürher. La taille de ces blocs de béton armé est impressionnante... même les terribles explosions qui les ont éventrés de l'intérieur n'ont pu anéantir les plus gros plafonds et les murs de plusieurs mètres d'épaisseur. Même de nos jours, une attaque frontale aurait bien du mal à percer de tels monstres de paranoïa mégalomane.  En repartant c'est par une série de petites routes rugueuses et assez défoncées, mais très bucoliques entre des rangées d'arbres, que l'on arrive au village de Mikolajki. Nous y séjournons à la pension Cyclada, un peu à l'écart du centre, que nous recommandons fortement. Accueil adorable, confort sans reproche, chouette petit dej' et belle vue sur la campagne alentour... Et le tout pour un super tarif. Si vous êtes dans le coin, n'hésitez pas.   Cependant, le choix ne manque pas, pratiquement toutes les maisons sont des pensions, c'est une station de villégiature en vogue à la haute saison, centrée sur les activités nautiques sur le lac. Encore assez peu fréquentée à notre passage, c'est une étape agréable et une très bonne introduction à la Pologne en venant de l'est.   | ||||||||||||||||||
