Née sur l'embouchure de la Vistule, Gdansk succombe en 1308 aux Chevaliers Teutoniques, encore eux, qui massacrent la population. Mais 50 ans plus tard, la ville se révolte et rejoint la ligue hanséatique, devenant un puissant pôle commercial. Elle passe sous la coupe des Prussiens au XIXème siècle, Napoléon la libère, elle retombe, bref, en 1919, sous son nom allemand de "Dantzig" (mais si, vous savez, le fameux corridor), c'est une ville libre, peuplé à 85% d'Allemands. Occupée par les nazis et détruite dans leur fuite, achevée par l'Armée rouge, Gdansk est pratiquement anéantie au sortir de la guerre. Elle se redresse à nouveau, c'est même là que naît le mouvement Solidarnosc en 1970. La ville a fêté ses 1000 ans d'existence en 1997.



Si les environs sont soviétiques et modernes (la chambre est celle de l'hôtel Midtown, très recommandable), de larges portions de la ville sont toujours en ruine, à l'abandon, et comme nous ne savions pas du tout à quoi nous attendre, nous trouvions déjà ces restes émouvants. En voyant les photos des rues en 1945, qu'espérer de plus ? (Ci-dessous, les restes des trois greniers de l'île Spichlerze)



Le choc est d'autant plus grand en arrivant au centre ville, rebâti pierre à pierre depuis les années 50, et de nouveau rénové depuis l'indépendance. Même s'il reste quelques terrains vagues, Gdansk a retrouvé sa splendeur et son extraordinaire richesse de styles.





Presque toutes les façades sont décorées, motifs géométriques, floraux, scènes pastorales, humoristiques parfois, mais aussi des dessins modernes, Art Nouveau, s'harmonisant parfaitement avec les encorbellements et les formes typiquement hanséatiques. 187 maisons restent à reconstruire dans la vieille ville, mais il y en a déjà tant, sur une telle surface absolument pas troublée de bâtiments modernes, qu'on ne sait plus où donner de la tête et de l'objectif !



Le long de la voie Royale, Królewska droga, se succèdent maisons patriciennes et palais roccoco ou même Renaissance. Détail peu pratique : les numéros sont inscrits à l'arrière !



Outre les gouttières ornées, une spécialité locale dans la rue Mariacka : ces imposants perrons projetant leurs gargouilles sur les passants. C'étaient les maisons des riches marchands allemands qui montraient ainsi leur rang, leur fortune et - en se servant des symboles locaux - leur bonne entente commerciale avec les Polonais.





Ci-dessous à gauche, Ratusz Gównogo Miasta, l'Hôtel de Ville, construit en 1328, culmine à 82 mètres... comme le reste, il a été réduit à l'état de cendres en 1945, seul le cadran solaire (ci-dessus) est d'origine.



Brama Zielona (ci-dessus à droite et ci-dessous au fond), clôt la Voie Royale et ouvre sur les quais. Bâtie au XVIème siècle comme un palais pour héberger la cour royale, il y faisait tellement froid que presque personne n'y a habité.



Au sommet de sa gloire, jusqu'à 2000 navires passaient annuellement dans le port de Gdansk. S'il n'y avait les "bateaux-moches" à touristes, on s'y croirait, avec même un trois-mâts à quai qui semble attendre sa cargaison. Au fond, l'étrange bâtiment qui avance en surplomb au-dessus de l'eau est un grand musée de la marine qui devait être intéressant, mais il était hélas trop tard pour le visiter. C'était la plus grande grue du Moyen-Age, permettant de décharger les marchandises comme de changer les mâts des navires. On regrette vraiment d'avoir sous-estimé l'intérêt de Gdansk, si on avait su, on aurait raboté plusieurs jours de Cracovie pour les passer ici !









Ci-dessus, le Grand Arsenal, Wielka Zbrojownia, construit au XVIIème siècle en style maniériste flamand, avec des motifs militaires.





La tour octogonale ci-dessus, Baszta Jacek, faisait partie des fortifications du XVème siècle. A droite, une des énormes églises de la ville, avec des fenêtres faisant jusqu'à 27 mètres de haut. Et qui c'est qui fait les carreaux ?





La ligue hanséatique n'est plus, mais la ville a conservé d'importants chantiers navals, qui sont à leur tour entrés dans l'histoire. En décembre 1970 y commence le mouvement Solidarnosc, qui marque le début de la fin de l'Union Soviétique. Son leader, Lech Walesa (portrait ci-dessous à droite) est ensuite devenu prix Nobel de la Paix et président de la Pologne. Outre un mémorial aux héros du mouvement, la guérite de la gardienne des chantiers est devenue une boutique de souvenirs (le pape en personne y est venu, c'est dire). Et à côté, le syndicat ouvrier construit son nouveau siège, aux allures de vaste navire rouillé.