Coton !
  • Introduction

  • Tashkent

  • Moynaq & mer d'Aral

  • Forts du désert

  • Khiva

  • Boukhara 1 - 2

  • Samarkand 1 - 2 - 3

  • Portraits 1 - 2 - 3

  • Artisanat

  • Portes

  • Transports

  • Nasr Eddin Hodja

  • Coton

  • Conclusion



  • L'histoire du coton ouzbek est liée à l'Union Soviétique et au sacrifice de toute une mer sur l'autel de la monoculture et des aberrations technocratiques poussées à leur extrême. Moscou avait décidé que la zone qui est aujourd'hui à cheval sur le Khazakstan et l'Ouzbékistan serait consacrée au coton. Le fait que ce soit en bonne partie un désert aride ne les a pas freinés. Il suffisait d'irriguer à partir des fleuves ! Ils l'ont tellement fait que la mer d'Aral est devenue ce que l'on a pu voir à Moynaq, et le pays s'est en effet couvert de champs de coton. Rachitique, donnant peu et avec des conséquences désastreuses pour l'environnement, le coton est tout de même devenu de gré ou de force l'une des principales industries du pays, qui ne peut plus s'en passer.


    Quand vient l'automne pour la récolte, il faut de la main d'oeuvre, beaucoup de main d'oeuvre. Là aussi, on emploie donc les grands moyens : les étudiants notamment sont réquisitionnés dans tout le pays, leur scolarité presque gratuite étant compensée par trois saisons de cueillette. Ceux qui ont les moyens s'arrangent en payant pour échapper à la corvée interrompant leurs études de droit ou de commerce international ; les autres apprennent la vie du peuple et partagent la soupe claire de chou, patates et huile de coton. Pour déplacer tous ces saisonniers, les bus civils sont réquisitionnés par dizaines. Ils voyagent en interminables convois, escortés par la police et suivis de tracteurs transportant les bagages.




    Tout ce coton ne sert pas qu'aux vêtements et à l'export, il faut le rentabiliser de toutes les façons. C'est ainsi que l'huile très grasse de ses graines est largement utilisée en cuisine. Longtemps pratiquée à ciel ouvert, avec le gaspillage délirant que cela représentait, l'irrigation se fait de plus en plus par des tuyaux, mais ils fuient quand même copieusement. En revanche, le moindre carré de pelouse dans les villes touristiques est arrosé en continu, avec une buse tous les mètres carrés... Ils ont pourtant une mer à ressusciter, qui n'attend que quelques économies sur l'eau pour commencer à renaître.


    Cette pratique du travail forcé a entraîné condamnations et boycott de l'Occident envers le coton ouzbek. Depuis 2009 le gouvernement a passé une loi interdisant le travail des moins de 16 ans, ce qui n'a pas changé grand chose en pratique. Aucune contestation n'est apparente dans la population, qui cueille le coton tous les automnes parce que... on cueille le coton tous les automnes. On peut aussi déplorer que les paysans n'aient pas d'autre choix que cultiver le coton à faible rendement et bas prix contrôlé par le gouvernement, alors que des cultures vivrières adaptées au climat seraient plus appropriées.