Une tête de dromadaire devant une boucherie










































Une peau de dromadaire en attente de tannage.










































Dans tout le Maroc, l'accès aux mosquées, tombeaux des saints et lieux sacrés est interdit aux non musulmans. Cela se comprend pour les enceintes sacrées et les heures de prière, mais c'est plutôt frustrant pour le reste ! C'est le premier pays musulman qu'on visite qui impose ça. Un héritage de Lyautey, paraît-il, un de plus. Heureusement qu'il nous reste de sublimes medersas.








































Fontaine publique



















































































Fès



Autre ville impériale, Fès n'est qu'à une soixantaine de kilomètres de Meknès. Elle est en fait constituée de trois villes pratiquement distinctes : la ville nouvelle, la "moyenne", et pour nous surtout la vieille ville fondée au VIIIème siècle, Fès-El-Bali, héritière de la culture andalouse et berceau de l'empire chérifien. Son université est l'une des plus anciennes du monde, et sa médina est presque inchangée depuis le Moyen-Age. Ci-dessus, le palais royal moderne à Fès-El-Jedid. Chaque grande ville a son palais, pour recevoir le roi en déplacement.


Sauvegardée à partir de 1980, la médina est (évidemment) un dédale de petites rues où l'on se perd copieusement. Une boussole est très fortement conseillée pour s'y retrouver, même si de récents efforts de fléchages indiquent les parties touristiques. Là aussi, manque de bol mais qui simplifie la visite pour l'aspect architectural, c'était encore jour férié et la plupart des boutiques était fermée.


Ci-dessus au centre la barre posée en travers du passage à hauteur d'homme n'est pas un ancêtre des bornes anti-stationnement, mais une obligation pour les gens de s'incliner en signe de vénération au voisinage du mausolée de Moulay Idriss II. D'autres ruelles particulièrement basses, comme celle à droite, n'ont pas besoin de ça : il faut pratiquement y entrer à quatre pattes ! A moins que ce fût autrefois le quartier des Hobbits ?


La talâa kbira, recouverte d'une treille en bois pour procurer ombre et fraîcheur, est bordée d'innombrables échoppes et petits restaurants. Comme en France il y a encore quelques décennies, on ne se sert jamais soi-même dans les magasins, le libre-service est réservé à quelques supérettes occidentales. Assis au milieu de l'accumulation de toutes ses marchandises, le vendeur attend le chaland. Une habitude un peu déroutante et guère pratique pour nous qui ne savons pas forcément ce qu'on veut !






La ville est réputée pour ses tanneries. D'ailleurs, une foule de rabatteurs nous "tannent" à longueur de journée pour y aller. Il faut dire qu'elles sont cachées derrière les remparts, et pour les voir, il faut comme par hasard passer par les boutiques. Les travailleurs du cuir expliquent de là-haut le processus qui transforme les peaux de mouton, chèvre, vache et parfois dromadaire en divers objets colorés. Ci-dessus, les cuves d'excréments de pigeon, de chaux, de lavage et de teinture à l'aide de colorants naturels débarrassent le cuir des poils et lui donne sa couleur. Les peaux sont ensuite séchées au soleil sur les toits (ci-dessous à gauche), puis travaillées : babouches, poufs, vêtements, sacs, ceintures... Tiens, d'ailleurs, n'appelle-t-on pas cela de la "maroquinnerie" ?





Ville sainte, bien entendu, Fès regorge de mosquées et lieux sacrés absolument magnifiques : portes et auvents sculptés et peints... et c'est généralement tout ce qu'on en voit en tant que "infidèles". Les deux photos ci-dessus sont prises depuis les entrées, car on n'a jamais le droit d'y pénétrer.


Le mausolée de Moulay Idriss II est un lieu de pélerinage. On peut y faire des offrandes en toute discrétion depuis la rue, en glissant quelques pièces par un moucharabieh en cèdre, ci-dessous.




La médersa (internat religieux) Bou-Inania date du XIVème siècle. L'apprentissage du Coran préparait les étudiants à l'enseignement du droit, de l'astronomie et des mathématiques. Autour d'une cour pavée de marbre et d'onyx, aux façades absolument sublimes avec leurs stucs, mosaïques et bois sculptés, se répartissent les salles d'études et les 56 cellules doubles des étudiants en étages (à l'emplacement et au confort plus ou moins spartiates selon la condition sociale des occupants). Sa mosquée, dont le minaret est le plus haut de la ville, servait aussi aux offices publics, et elle était bordée de boutiques pour assurer son financement. C'est l'un des plus beaux ensembles qu'on ait vu à ce jour dans le monde musulman.






Ci-dessus, la mosquée des Andalous, fondée au IXème siècle par Mariam, réfugiée de Tunisie. On a aussi vu une magnifique mosquée réservée aux Noirs, rares et peu mêlés à la population arabe. Ci-dessous à gauche, l'une des quatorze portes de la médina. A droite, le palais Mnebhi, qui fut la résidence de Lyautey en 1912 et est aujourd'hui un restaurant de luxe qui aurait une capacité de 1000 convives ! On peut le visiter hors des heures de service, en glissant une pièce au concierge.



En partant, on a traversé la ville nouvelle, vaste, aérée et très propre, mais aussi impersonnelle. De grands panneaux proposent des quantités de logements à venir, style banlieue chic. Le confort y sera sans commune mesure avec celui de la médina, mais il n'y aura plus aucun des liens qui forment le tissu social, et les jeunes qui y grandiront ne connaîtront pas les joies d'une enfance libre dans les ruelles médiévales.


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